Lettre ouverte à la Commission du débat public CIGEO

Le débat public du projet CIGEO de stockage souterrain des déchets radioactifs se termine le 15/12/2013. C’est le moment de constater que la démocratie participative fonctionne parfaitement.

 

Chers membres de la Commission particulière du débat public de CIGEO,

Même si je ne vous connais pas personnellement, vous m’êtes chers. Parce que votre engagement désintéressé mérite la reconnaissance de tous les citoyens ; parce que vous êtes tombés dans un piège infernal et que personne ne vous a aidés à en sortir ; parce que vous avez cru aux vertus du débat public selon Sainte Ségolène, patronne de la démocratie participative et enfin parce que je compatis au parjure que vous allez devoir faire.

On aurait dû vous prévenir que le débat public sur les nanotechnologies avait été saboté par quelques dizaines d’anti-tout redoutablement intelligents. C’est sûr que si vous n’avez lu que le bilan du débat écrit par le Président de la Commission nationale du débat public, vous ne pouviez pas savoir. Personne ne vous a dit qu’une réunion du débat public de Penly 3 a été annulée car moins d’une dizaine de perturbateurs a réussi à empêcher par ses seuls cris qu’elle ne se tienne. Aucun sociologue ne vous a alerté de la surprenante propriété du nucléaire qui exonère ses opposants du respect des lois et de la bienséance. Enfin nos institutions ne sont pas très courageuses pour faire respecter la liberté d’opinion et d’expression, mais ça vous deviez déjà le savoir.

Donc vous vous êtes fait avoir. Et après les tentatives ratées d’organiser les réunions publiques, ça a continué. Mon Dieu que vos débats de substitution furent pitoyables ! Là encore, ce n’est pas votre faute. L’ANDRA a joué son rôle, rien à dire, mais leurs prestations ne furent pas hyper sexy. Eux aussi, ils sont coincés : obligés d’être propres sur eux et politiquement corrects, alors qu’ils auraient pu atomiser en une phrase bien tournée et marrante la plupart des arguments qu’on leur opposait. C’est comme ça au Corps des Mines et ce n’est pas près de changer. Quant aux opposants que vous avez dénichés, ils ont rabâché les mêmes arguments antinucléaires universels qu’ils policent depuis 40 ans (l’un d’entre eux nous a même refait le coup de Maurice Clavel en 1971, « Messieurs les censeurs, bonsoir »). A noter cependant la présence de deux petits jeunes (la quarantaine quand même), un normand qui s’est illustré précédemment dans une opposition affective lors du débat Penly 3 et un haut-marnais qui a eu le courage de lire les dossiers argile et les rapports de la Commission nationale d’évaluation, mais cela suffit-il pour devenir un expert comme il s’est autoproclamé ?

Les prosélytes du nucléaire et les opposants se parlent quelquefois, mais ne s’écoutent jamais. Comme prévu, nous avons eu des débats de sourds où il ne s’est rien dit de plus qu’on ne savait déjà, avec une ambiance et des audiences de cinéma de quartier qui programme un cycle Ingmar Bergman. Comme les opposants sont loin d’avoir le niveau technique de l’ANDRA, ils esquivent le débat et préfèrent se réfugier dans le dogme et la fuite en avant (« vos études sont incomplètes, il en faut d’autres » … comme ça on retarde le projet encore un peu).

Chers membres de la CPDP, vous n’avez pas encore vécu le pire : il va falloir maintenant écrire le compte-rendu du débat. Lui aussi devra être propre sur lui, de manière à ce que le Président de la Commission nationale du débat public y puise les bons arguments pour justifier dans son bilan que le débat a eu lieu et que le projet peut continuer à vivre sa vie.

Vous ne me croyez pas ?

Allez voir le bilan du débat public sur les nanotechnologies vous pourrez notamment y lire ceci :

« Le débat a eu lieu. Il était nécessaire. Certes, il a connu des difficultés mais il était prévisible qu’un tel sujet puisse en susciter et, malgré les secousses qu’il a connues, il est allé à son terme et a été utile. »

Recevez toute ma sympathie.

Marie Masala

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Le débat public CIGEO est-il bien sérieux ?

Le débat public du futur stockage des déchets radioactifs s’annonce comme une joyeuse mystification. Mais qui mystifie qui ?

 

Le législateur

Le mode d’emploi du débat public se trouve dans le Code de l’environnement. C’est donc la représentation nationale qui est à l’origine des règles du jeu : un « machin » comme disait le Général qui n’a aucune finalité officielle, si ce n’est d’essayer de faire causer entre eux des gens qui ne le feraient jamais autrement. Officieusement, c’est une autre affaire, le débat public a été conçu comme une prise de température de l’acceptation du projet enjolivée d’un peu de liturgie pour camoufler le concept.

La commission nationale du débat public

Comme toutes les Autorités administratives indépendantes, la CNDP n’a de comptes à rendre qu’à la vox populi. Donc, respect à la lettre des textes fondateurs, pas de vagues, pas d’initiatives malheureuses dans l’accomplissement de la mission. Une fois, la CNDP a fait une erreur de casting en nommant un trublion, pourtant issu de ses rangs. Résultat, le débat public de la centrale nucléaire de Flamanville 3 a bien failli partir en quenouille, pour ne pas utiliser un mot plus précis à la consonance proche. Echaudée, la CNDP ne nomme depuis, au moins dans le nucléaire, que des présidents de commissions particulières à l’unisson de leurs propres convictions.

La commission particulière du débat public

Les membres des commissions particulières sont soucieux de mener à bien leur mission avec enthousiasme : faire un beau débat animé, avec de la vie, des gens qui se parlent, s’engueulent et qu’à la fin tout le monde fraternise autour d’un consensus miraculeusement issu de leurs travaux. Ceux-là ne mystifient qu’eux-mêmes…

Les opposants

Leur objectif est que le projet ne se fasse pas et ils ont très bien compris la fonction thermomètre du débat. Ils ont donc grand intérêt à participer, malheureusement pour eux, ils ne sont pas capables de mobiliser suffisamment de troupes pour faire monter la température jusque dans la zone rouge, alors ils boycottent. Et pour CIGEO, ça boycotte dur ! Rien moins que 42 associations selon Bure Stop[1]. Les motifs annoncés de boycott sont assez réjouissants, celui de FNE qui est pourtant une association sérieuse avec des gens très bien est particulièrement croquignolet : ils sont vexés car la CNDP n’a pas accédé à leur demande de retarder ce débat de 6 mois[2]. Franchement, faire les chochottes sur un sujet aussi sérieux, est-ce bien sérieux ? Les vieux routards du débat public se rappelleront avec émotion le boycott du GSIEN pour Penly 3 au motif que la CPDP ne les avait pas suppliés d’y participer. On a sa fierté quand on est antinucléaire !

L’ANDRA

L’ANDRA est obligée de dire qu’elle est ravie de débattre -et le montrer- alors que sa seule envie, c’est de continuer son projet sans être obligée de se justifier. Quand on sort de Normale sup ou de l’X, version Corps de Mines, croyez-vous qu’on accepte avec plaisir la mise en cause de ses merveilleuses constructions intellectuelles par des bacs moins douze qui ne connaissent rien en trous, argile, déchets et sûreté nucléaire ?

Le public

Le public ne mystifie personne, d’abord il ne vient pas au débat. Pourquoi aller voir une pièce de théâtre absconse, jouée par de mauvais acteurs ?

Par contre, c’est lui qui paye le billet d’entrée avec ses impôts ou ses factures d’électricité : entre 1 et 3 millions d’euros le débat, selon les modalités et l’imagination de la Commission particulière.

 

 

 

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Débat sur l’énergie : la dérobade de Greenpeace

Greenpeace claque la porte du débat sur l’énergie avant même que celui-ci n’ait commencé. Geste responsable ou tartuferie ?

« Greenpeace France ne participera pas au débat national sur l’énergie qui s’ouvre le 20 novembre en raison d’un manque de confiance dans la volonté du gouvernement de réussir la transition énergétique » a dit lundi 12 novembre à l’AFP son directeur Jean-François Julliard. Ce n’est que le début de la débandade, toutes les ONG amies vont suivre le mouvement.

Le prétexte est un peu léger. Certes, il a été en partie motivé par une surreprésentation du lobby nucléaire dans le comité de pilotage, mais on a connu Greenpeace moins frileux quand il s’agissait de s’enchainer à des rails de chemin de fer pour bloquer des convois de déchets nucléaires ou risquer la mort en allant tournoyer avec de frêles esquifs autour des navires baleiniers.

Mais dès qu’il faut s’assoir autour d’une table, les courageux pourfendeurs des ennemis de l’environnement deviennent bien timorés. Et ce n’est pas la première fois : après avoir accepté d’être partie prenante du débat public sur le projet de réacteur nucléaire Flamanville 3, les voilà démissionnaires, ce qui a forcé la main à toutes les associations qui avaient accepté de jouer le jeu. Rebelote pour le débat public de Penly 3.

Bien sûr, on peut chipoter sur les modalités du débat sur l’énergie, le CV des animateurs ou même le périmètre de ce qui est mis sur la table ; mais refuser de participer a priori pose question.

Avec une pudeur de jeune fille, l’ONG déclare ne pas vouloir servir de « caution verte ». Cela fleure bon les préceptes de certains groupes d’extrême-gauche pour qui participation et compromission sont synonymes. Une foule de sociologues s’est déjà exprimée sur le sujet, personne ne rendra Greenpeace coupable de ce péché.

Alors pourquoi ne laisser aucune chance à ce pauvre gouvernement qui prend le risque de mettre en débat une petite partie de la problématique énergétique ? Certes le candidat Hollande a déjà bien réduit le périmètre par quelques promesses de campagne hâtives, mais il y a encore à se mettre sous la dent. Et puis si Greenpeace se sent vraiment trop « caution verte » pendant le débat, il sera toujours temps de claquer la porte, avec passage au 20 heures garanti. Incompréhensible.

A moins que…

A moins que Greenpeace et ses amis ne se sentent coincés. Il n’y a pas besoin d’être un grand expert énergétique pour voir que nous sommes dans une magnifique impasse : réduire à 50% la part du nucléaire sans augmenter ni les émissions de CO2, ni le déficit de la balance commerciale, tout en préservant le confort et le porte-monnaie des électeurs est impossible. Prétendre que les éoliennes, hydroliennes, biomasse, solaire photovoltaïque ou thermique vont résoudre à eux seuls cette infernale équation tient du numéro d’équilibriste que l’on peut se permettre en meeting ou à la télé en 20 secondes d’antenne sans contradicteur, mais sûrement pas dans un débat encadré d’experts où tout est soigneusement consigné.

Alors, il va falloir faire des choix. Il y a quelques pistes, mais aucune dans laquelle il soit facile de s’engager. Par exemple, une qui semble pourtant évidente, la réduction de la consommation énergétique en isolant le bâti : le gisement d’économies se trouve chez les particuliers. L’Etat n’a plus un sou, ce sera forcément avec l’argent des électeurs et comme les temps de retour sur investissement sont conséquents, toute coercition fera un tabac, réélection garantie en 2017.

Il vaut bien mieux ne pas faire partie de ceux qui rendront public ce constat et proposeront des mesures réalistes, mais désagréables.

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Fessenheim, catalyseur de la cacophonie sur le nucléaire français

La centrale de Fessenheim a donné lieu ces dernières semaines à un flot de déclarations et d’annonces qui laissent perplexe.

L’incident

Le 5 septembre, un incident s’est produit à la Centrale. Voici ce qu’en a dit l’Autorité de sûreté nucléaire :

« Lors d’une manipulation d’eau oxygénée, produit chimique non radioactif, un déversement a provoqué un dégagement de vapeur, qui a déclenché les capteurs de détection incendie. Conformément à la convention entre les services publics et la centrale, les pompiers ont été dépêchés sur place. Il n’y a pas eu d’incendie.

Les neuf personnes présentes dans les locaux lors de l’incident ont été examinées et ne présentent aucune blessure.

Cet incident n’a pas eu de conséquence sur l’environnement. »

Pourtant Sortir du nucléaire y a vu « 8 personnes […] blessées », « un grave problème », le « symptôme d’un dysfonctionnement grave » et la preuve que « l’exploitant ne maitrise plus la sûreté ». Delphine Batho a demandé à EDF et à l’ASN un rapport complet. Noël Mamère a estimé que l’incident était la preuve qu’il ne fallait surtout pas se lancer dans des opérations coûteuses pour tenter de « rafistoler » des centrales vieillissantes. Enfin Greenpeace y a vu de la non transparence.

Voir tout cela dans une banale maladresse qui a juste fait déclencher les détecteurs de fumée, quelle clairvoyance !

La fermeture

Le candidat Hollande avait annoncé sa volonté de fermer Fessenheim en 2017. En campagne, on ne peut pas penser à tout : que cette promesse mettrait en porte-à-faux l’Autorité de sûreté nucléaire, qu’EDF n’est pas le seul propriétaire de la Centrale et que la date proposée n’est peut-être pas judicieuse.

Voyons tout cela un peu plus en détail.

L’Autorité de sûreté nucléaire française est une Autorité administrative indépendante, le même statut que le CSA ou la HALDE. Une de ses missions est de juger de la sûreté des centrales nucléaires et en particulier si elles sont aptes ou non à fonctionner. Pas de chance, l’ASN a donné le 4 juillet 2011 un avis favorable à la poursuite d’exploitation du réacteur n°1 pour 10 années supplémentaires sous réserve de respecter un certain nombre de conditions et donnera probablement le même avis en 2013 pour le réacteur N°2. De plus, l’ASN « considère que les performances du site de Fessenheim en matière de sûreté nucléaire, de protection de l’environnement et de radioprotection sont satisfaisantes ».

Si le Président de la République n’a pas confiance en son Autorité de sûreté qui lui assure que la Centrale est fiable, il faut qu’il la désavoue, sinon pourquoi déciderait-il de fermer Fessenheim avant 2021 ? De la même manière, on peut se demander pourquoi le collège de l’ASN ne démissionne pas en réponse à ce camouflet (le mandat de M. Lacoste se termine prochainement, ça ne lui coûterait pas beaucoup).

Pas de chance également, le site de Fessenheim a été construit et est exploité avec la participation financière de la compagnie d’électricité allemande EnBW, à hauteur de 17,5% et de trois groupes helvétiques (Alpiq, Axpo et BKW), à hauteur de 5% chacun. En contrepartie, les sociétés reçoivent une part de l’électricité produite. Si le gouvernement peut faire ce qu’il veut avec EDF, il n’en va pas de même avec les actionnaires étrangers. Contrairement au bruit qui a couru, M. Proglio n’a pas besoin d’aller réclamer des compensations financières, il va laisser faire ses petits camarades suisses et allemands[1] qui ne comprennent pas pourquoi on arrête une centrale qui a toutes les autorisations nécessaires.

Enfin l’annonce de la fermeture en 2017 relève de la faute du politicien débutant : une promesse de fin de mandat n’est pas crédible. Faute corrigée en catastrophe lors de la conférence environnementale, mais dans son discours le Président s’est encore acharné sur cette pauvre centrale :

« La centrale de Fessenheim, qui est la plus ancienne de notre parc, sera fermée à la fin de l’année 2016 dans des conditions qui garantiront la sécurité des approvisionnements de cette région, la reconversion du site et la préservation de tous les emplois. Nous devons même en faire un exemple de démantèlement réussi de façon à ce que les centrales, qui viendront à expiration dans de nombreux pays du monde et qui appelleront des technologies maîtrisées, puissent être, là encore, une inopportunité pour l’industrie nucléaire française ».

Qui peut croire à la préservation de tous les emplois ? Un chantier de démantèlement dure très longtemps mais n’occupe que peu de personnes et les profils des intervenants sont différents. « Le démantèlement réussi » est louable, mais c’est quand même un peu ce que recherchent tous les acteurs du nucléaire. Ne doit-on pas rapprocher cette incantation avec l’idée géniale des antinucléaires alsaciens qui ont proposé la création d’un « Institut du démantèlement » pour résoudre d’un coup de baguette magique le problème de l’emploi ? On appréciera également « l’inopportunité » qui, espérons-le, aura été rectifiée à l’oral.

Tout cela donne une impression d’improvisation et de travail bâclé. Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires françaises, qui produit bon an mal an 11 TWhe depuis plus de trente ans (ou de quoi alimenter 5 millions d’habitants comme disent les producteurs d’électricité éolienne) mérite un éloge funèbre plus convaincant. Espérons qu’il sera prononcé lors du débat sur la transition énergétique et que l’on aura enfin une explication  rationnelle de cette fermeture annoncée.

Références:

http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/discours_ouverture_conf_environnementale_140912.pdf Discours d’ouverture du Président de la République à la conférence environnementale

http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2012/L-ASN-informe-sur-l-incident-survenu-a-Fessenheim Communiqué de presse de l’ASN sur l’incident de Fessenheim


[1] EnBW appartenait encore il y a peu à EDF, encore un manque de chance !

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Il ne faut pas toujours croire ce qui est écrit…

ATLANTICO a publié ceci sur son site (catégorie pépites, post du 14/7):

« 36%, c’est le nombre très inquiétant d’enfants de la région de Fukushima au Japon qui présentent des excroissances anormales. Le rapport d’enquête mené sur 38 000 enfants à Fukushima un an après la catastrophe nucléaire précise que les kystes ou les nodules se trouvent sur leurs thyroïdes.

Le site Internet Fukushima Voice, qui publie le rapport du Centre de recherche sur les symptômes de contamination radioactive à Fukushima, explique notamment que ces chiffres montrent « une progression bien plus rapide qu’à Tchernobyl ». En effet, une étude réalisée entre cinq et dix ans après la catastrophe de 1986 révélait qu’1,74% des enfants de la région ukrainienne présentaient des nodules à la thyroïde, soit près de 20 fois moins qu’à Fukushima ». lien sur l’article

Inquiétant non ?

Peut-être même trop, d’ailleurs….Le journaliste d’Atlantico aurait sûrement dû fouiller un peu, plutôt que de traduire in extenso le site « business insider ». D’autant plus que sur ce site, on peut trouver un lien sur le rapport en question. lien sur le rapport

Et le rapport, traduit du japonais en anglais par des gens qui ne sont sûrement pas vendus au lobby nucléaire, nous dit que 36% des personnes examinées présentent bien des nodules ou des kystes (cyst en anglais). Mais le rapport précise que seules 186 personnes, soit 0,5 %  de la population examinée, ont subi un examen plus poussé, ce qui laisse penser que les 35,5% restants des kystes et nodules détectés sont banals. Ou alors les médecins japonais sont fous. C’est donc probablement ce 0,5% qui est à comparer aux 1,74% de Tchernobyl et non pas 36%.

Comme quoi, le métier de journaliste n’est pas facile, il faut chercher, vérifier et ne pas céder à la facilité. Et puis, ce n’est pas parce que ce sont des américains qui l’écrivent que c’est forcément vrai…

 

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Enfin un vrai débat national sur l’énergie ?

Prévu à l’automne, le débat sur la « transition énergétique » suscite beaucoup d’espoirs. Quelques indices laissent penser que la déception risque d’être au rendez-vous.

La méthode

Madame Batho, ministre de l’écologie du développement durable et de l’énergie, a annoncé la tenue d’une conférence environnementale qui servira notamment à définir la méthode qui sera utilisée pour le débat sur la transition énergétique. C’est habile, comme l’a souligné l’Usine Nouvelle, mais est-ce efficace ? C’est en tous cas un très bon moyen de gagner du temps et de mouiller un maximum de monde.

La Commission nationale du débat public, dont c’est pourtant le boulot, ne sera qu’« associée » au débat, comme l’a précisé Madame Batho à la commission du développement durable de l’Assemblée nationale le 11 juillet. C’est assez surprenant, car les débats d’orientation générale sont complètement dans le scope de la CNDP. Les esprits mal intentionnés remarqueront que la manière dont est organisé un débat a une grande influence sur son résultat, les autres penseront qu’un débat public à la sauce CNDP nécessite 6 à 8 mois d’organisation préalable et que ce délai est bien trop long pour mettre en œuvre une promesse de campagne.

Le vocabulaire

Le Président de la République a annoncé un débat sur « la transition énergétique ». Sans faire de sophisme, on peut quand même remarquer que le mot « transition » indique qu’il faut changer quelque chose. Cela devrait être un produit de sortie du débat, pas une donnée d’entrée.

Le nucléaire

La Ministre de l’écologie a tracé la feuille de route sur le nucléaire, l’excluant de facto du débat, lors d’une interview à Libération le 6 juillet : « C’est très clair : on ferme Fessenheim, on termine l’EPR de Flamanville et on ne lance aucun nouveau projet de réacteur pendant le quinquennat. On ne construit pas l’EPR de Penly ». On se demande ce qu’il restera à débattre sur ce sujet, quand même assez central pour ce qui concerne la production d’électricité.

On peut remarquer que les socialistes vont faire exactement la même chose que la droite pour le Grenelle de l’environnement : exclure le nucléaire. C’est assez troublant.

Pourtant, il y a à débattre, par exemple du bien-fondé de quelques promesses de campagne que la bienséance voudrait qu’elles soient transformées en décisions.

  • « Réduire la part du nucléaire à 50% ». Et Pourquoi pas à 40, 20, voire 0 % et pour quelles raisons ? Pourquoi même ne pas se poser la question de l’augmenter ? Ce diktat des 50% va occulter tout le débat sur la composition du mix énergétique qu’il faut à la France, rien moins que le sujet le plus fondamental pour l’électricité… Au passage, on note qu’il pérennise le nucléaire.
  • La décision de fermer Fessenheim est un désaveu de l’Autorité de sûreté nucléaire qui a confirmé que la centrale pouvait continuer à être exploitée si EDF mettait en œuvre des  travaux de renforcement. Il faudrait donc débattre aussi  sur la compétence et l’utilité de l’Autorité de sûreté nucléaire.
  • Fermer Fessenheim revient à dire qu’il faut envoyer à la casse les centrales nucléaires de plus de 40 ans. Yves Lenoir (le co-auteur de Tchernobyl sur Seine), dans un brillant et très arithmétique article sur Médiapart, nous démontre que cela imposera de construire quelques EPR d’ici 2025 si l’on veut maintenir les 50% de production nucléaire. Voilà un sujet de débat non seulement intéressant mais également amusant !

Les enseignements de l’histoire

Les précédents débats sur l’énergie en France ont laissé de grandes insatisfactions chez les perdants, enfin ceux qui n’étaient pas d’accord avec les orientations prises à leur suite et qui étaient en réalité déjà décidées avant.

Ces débats ont été orchestrés par la droite et vigoureusement critiqués par l’opposition d’alors. La gauche va avoir le plaisir de redécouvrir cet exercice délicat, mais cette fois du mauvais côté du manche…

 

Références

http://www.usinenouvelle.com/article/a-quoi-la-conference-sociale-a-t-elle-vraiment-servi.N178495

http://www.liberation.fr/terre/2012/07/06/l-ecologie-est-un-levier-pour-sortir-de-la-crise_831734

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/060712/moins-delectricite-nucleaire-plus-depr

 

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Bonjour tout le monde !

Bienvenue dans le blog de Pierre et Marie Masala, il est encore en construction.

Nous devrions publier les premiers articles avant le 15/7/2012.

Merci de votre patience. Abonnez-vous au flux RSS, vous serez les premiers prévenus !

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